Mon premier accompagnement

Ça y est, je suis maintenant une vraie Doula! La semaine dernière, j'ai complété mon stage pratique d'accompagnante. Pour des raisons de respect de la vie privée de ma cliente, je ne vais divulguer ni nom, ni lieu, ni heure. L'idée de ce billet n'est pas de raconter un accouchement, mais plutôt de parler de ma version des choses.

Ma cliente ayant déjà commencé à contracter aux alentours de 38 semaines, et étant déjà assez avancée dans sa dilatation, j'ai été de garde pendant près de trois semaines. Un belle leçon de patience pour moi, car je suis de nature un peu impatiente. Mais un beau soir, finalement, je reçois un coup de téléphone m'annonçant que le travail est commencé et qu'il est temps de se rendre à l'hôpital. De plus, avant l'événement,  j'avais un peu peur d'être trop surexcitée ou stressée à l'idée de vivre mon premier accompagnement. À ma grande et belle surprise, j'étais d'une "zénitude" et d'un calme total, et j'ai pu me concentrer sur mon travail et être une présence rassurante et calmante pour ma cliente.

Durant le travail, qui a duré toute la nuit, j'ai pu mettre en pratique mes apprentissages théoriques pour soulager la douleur. On a utilisé le ballon, le bain, des suspensions, des massages, ainsi que l'amour et la présence du conjoint. La partie du travail que j'ai trouvée un peu plus difficile a été les moments ou ma cliente n'avait pas besoin de moi. Pendant de longues périodes, elle ne voulait que son conjoint et rien d'autre. Les longues minutes à attendre dans la pièce d'à-côté qu'elle m'appelle ou que quelque chose se passe ont été un peu pénibles pour moi qui aime être dans le feu de l'action. Je me disais '' c'est ridicule, je suis en stage et je ne fais rien!!''. Avec le recul, c'est vrai que d'apprendre à être là quand c'est nécessaire, à se retirer quand c'est le moment et à respecter le besoin d'intimité du couple, ça fait partie du travail d'une doula. Une belle leçon pour moi. Il y a aussi des moments, surtout vers la fin, où on travaillait en équipe, elle, moi et le conjoint. Elle s'accrochait à lui, je faisait des pressions dans son dos ou des massages. Là je me sentais utile, et j'aimais bien qu'on soit une équipe.

Cet accouchement s'est déroulé de façon complètement naturelle. Ma cliente était d'un grand calme tout au long du processus, et elle souriait entre les contractions presque jusqu'à la fin. C'est sûr qu'elle était épuisée à la fin, et les contractions avaient l'air douloureuses, mais elle n'a pas eu l'air de douter un seul instant de ses capacités, Il y a même des petits bouts ou elle s'est endormie brièvement! Elle avait l'air tellement bien, c'était beau à voir. Comme la rencontre post-natale n'a pas encore eu lieu, je n'ai pas eu sa version des choses, mais c'est ainsi que je l'ai perçue.

J'ai aussi été agréablement surprise par les infirmières, car je m'attendait au pire. Elles ont été vraiment très gentilles avec moi, ont respecté les désirs du couple que j'accompagnais, m'ont laissé faire mon travail sans intervenir, et elles ne venaient que lorsqu'on les appelait ou lorsqu'il était temps pour le monitoring. Elle ont aussi été étonnamment assez flexibles avec le monitoring. Par exemple, si ma cliente était dans le bain, les infirmières attendaient qu'elle ait fini et revenaient plus tard pour la brancher au lieu de lui demander de sortir tout de suite.

La seule partie qui m'a frustrée est par rapport au médecin qui est venu pour la sortie du bébé. Encore, je ne vais pas mentionner son nom, ni l'hôpital où cela s'est déroulé, mais je tiens à parler de mon expérience parce que ce genre de situation est possible, et pour que les autres doulas, et les futurs parents qui se préparent à accoucher en milieu hospitalier soient au courant et soient préparés. Je suis aussi consciente que ce n'est pas tous les obstétriciens qui pratiquent comme ça, et qu'il y en a beaucoup qui sont vraiment bien.

Donc voilà, je vous partage ma petite frustration par rapport au médecin. Alors en premier lieu, il faut savoir que ma cliente avait refusé la piqûre de pitocin à la sortie du bébé pour lui permettre d'avoir son pic d'ocytocine naturelle et d'avoir le meilleur premier contact possible avec son bébé. Lorsque le médecin est arrivé, pendant le couronnement de la tête du bébé, il s'est mis à parler à ma cliente et lui dire: « Alors comme ça vous ne voulez pas votre piqûre? Vous savez madame, cette piqûre c'est une mesure de santé publique, ça évite l'hémorragie. Vous savez combien de femmes meurent d'hémorragie post-partum à chaque année? C'est ce qui cause le plus de mort chez les femmes. L'OMS recommande l'administration de cette piqûre, etc, etc, etc.». Et rappelez vous, tout ça pendant que ma cliente épuisée poussait. J'ai rappelé doucement au médecin qu'elle voulait son pic d'ocytocine naturelle, et j'ai dit à ma cliente que la décision finale lui appartenait. Le médecin s'est aussi impatienté un peu et a demandé à ma cliente de pousser entre deux contractions. Lorsque la contraction suivante est arrivée, ma cliente était incapable de cesser de pousser et paniquait un peu. Le médecin s'est ensuite mis à lui dire «Arrêtez de pousser madame, vous allez déchirer, vous allez déchirer!!».
Ensuite, vous savez maintenant à quel point la cause de la coupe hâtive du cordon me tient à coeur. Mes clients étant d'accord avec moi sur ce point, ils avaient exigé d'attendre que le cordon ait cessé de battre avant de le couper. Une minute à peine après la naissance, le médecin, qui avait gardé ses doigts sur le cordon depuis la sortie du bébé, décide qu'il ne bat plus et qu'il est temps de le couper. Pourtant, on voyait encore clairement qu'il restait du sang à l'intérieur. Je lui ai dit du mieux que j'ai pu qu'on pouvait attendre encore un peu, qu'il restait du sang, on voyait très bien le bleu dans le cordon. Le médecin a continué d'insister, je ne savais plus trop quoi lui dire sans m'énerver,  et finalement le papa  a accepté de le couper. Évidemment, au moment où le cordon a été sectionné, un mini jet de sang s'en est échappé...

Mis à part cet épisode un peu frustrant avec le médecin, je suis vraiment heureuse du déroulement de ma première expérience en tant que doula qui marque, je l'espère, le début d'une belle et longue carrière en accompagnement à la naissance. Ce fut vraiment une très belle expérience pour moi et je remercie de tout coeur ce couple de m'avoir permis de vivre ça avec eux. J'espère qu'ils sont aussi ravis de leur expérience que moi.

À la prochaine!

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