Cette fameuse DPA...

C'est pour quand? La question que toute femme enceinte finit par redouter, et cette fameuse date déterminée par de petits tests et calculs qui devrait annoncer la venue du petit trésor. Mais à quel point faut-il se fier à cette date, que le personnel médical semble prendre très sérieusement? Est-t-il possible de se tromper? Quels sont les risques réels de ''passer tout droit''? Et combien de femmes accouchent réellement à la date prévue?

La DPA, ou Date Prévue d'Accouchement, est une date déterminée soit par un calcul simple d'après la date de début des dernières règles, soit par échographie en mesurant le bébé. Elle est supposée prédire la date ou le bébé doit naître. En anglais, on l'appelle la due date. Il arrive souvent que d'un échographie à l'autre, la DPA change, et il peut y avoir jusqu'à 10 jours de marge d'erreur. Dans ces cas-là la meilleure chose à faire est de garder en tête la date la plus éloignée.

Le premier problème avec la DPA, c'est qu'elle est calculée en tenant compte que toutes les femmes ont un cycle menstruel de 28 jours. Pourtant, c'est loin d'être le cas, et lorsqu'une femme a un cycle plus long, plus court, ou irrégulier cela signifie que sa date d'ovulation est différente, et donc que le bébé n'a pas réellement l'âge gestationnel qu'on lui donne. Donc oui, il est possible de se tromper de date.

Une autre chose à considérer, c'est que d'un continent à l'autre, les systèmes médicaux ne semblent pas s'entendre sur la durée de la gestation. Au Québec, on dit qu'il faut calculer 40 semaines, et en Europe c'est 41. Pourtant, le corps des Canadiennes et celui des Européennes n'est pas différent... Pourquoi alors priver les bébés d'une semaine de plus dans le ventre de leur maman? En général, une grossesse dure entre 37 et 42 semaines.

Quels sont les risques réels de passer tout droit? Le bébé est-t-il vraiment en danger passé 41 semaines? Le fait de passer cette date cause souvent beaucoup de stress et d'impatience aux futures mamans. Les inconforts se multiplient, l'impatience augmente, les proches ont hâte de voir le bébé, et surtout, on commence à sentir la pression du médecin pour l'induction.  Le risque premier par rapport à un accouchement tardif est surtout en relation à la taille du bébé. Même si c'est parfaitement possible de mettre au monde un gros bébé de façon naturelle, ça fait peur. Il y a aussi le risque que le bébé, rendu trop gros, manque de place et de liquide amniotique. Certains autres risques, incluent un taux de mortalité périnatale légèrement plus élevé et un risque d'asphyxie du nouveau-né. Par contre, il est vraiment très difficile d'évaluer clairement ces risques, car dans beaucoup de cas, les complications peuvent être reliées à d'autres problèmes préexistants et n'ont rien à voir avec la postmaturité du bébé.

Ensuite, il existe des façons de vérifier l'état du bébé et son bien-être avant de prendre une décision trop hâtive, comme faire un test de réactivité foetale, un profil biophysique, ou/et une échographie pour déterminer la quantité de liquide présent.  L'instinct d'une mère est aussi un très bon indicateur.  En général, tant que le bébé est bien et que tout est en règle, il n'y a pas à s'inquiéter. Aussi, étant donné que les cycles menstruels des femmes sont différents, et qu'il y a une marge d'erreur dans le calcul de la DPA, il faut penser qu'il arrive qu'un accouchement soit déclenché en pensant qu'un bébé est à terme, mais que celui-ci naisse légèrement prématuré à cause de l'erreur de calcul. Il vaudrait donc mieux laisser les choses aller d'elles-mêmes tant qu'aucune condition médicale ne dicte le contraire. De plus, par rapport à la taille du bébé, il y a une bonne marge d'erreur avec les estimations de poids par échographie, allant parfois jusqu'à 1kg dans les deux sens.

À mon avis, au lieu de pousser l'induction à partir d'un nombre de jours précis, on devrait offrir à la mère de passer ces tests pour vérifier le bien-être du bébé, et la laisser décider par elle-même si elle préfère attendre ou si elle évalue qu'il vaudrait mieux déclencher. Il ne faut pas oublier que de déclencher artificiellement un accouchement comporte des risques pour la mère et le bébé, entre autres le risque de finir en césarienne est largement augmenté. Sachez aussi qu'il existe de multiples moyens naturels pour encourager le travail à commencer si le temps commence à se faire long et que le milieu médical commence à faire pression. Il suffit de s'informer!

Jusqu'à quel point faut-il se fier à cette date? En fait, la DPA n'est qu'une indication, une estimation de quand à peu près le bébé devrait naître. Selon moi, on devrait l'appeler la ''date d'estimation d'accouchement''.  En moyenne, seulement 5% des femmes accouchent le jour même de la date prévue. 90% d'entre elles accoucheront entre deux semaines avant et deux semaines après. C'est pas pour rien que certains magasins offrent de rembourser les achats des futurs parents si le bébé naît à la date prévue, car les chances que cela arrive sont très faibles!

Une autre chose à retenir, c'est que l'être humain n'est pas une machine. Chaque bébé est différent, et peut prendre plus ou moins de temps avant d'être prêt à naître. Pensez au fait qu'aucune fille n'a ses règles en même temps. Il n'y a pas de règle scientifique dictant le développement de l'être humain de façon précise. C'est pareil pour les petits bébés. Le Dr Michel Odent a dit: «Selon la sagesse traditionnelle de l'Europe rurale, un bébé dans l'utérus est comme un fruit sur l'arbre. Tous les fruits d'un même arbre ne sont pas mûrs en même temps. Un fruit cueilli avant d'être mûr ne sera jamais bon et se détériorera rapidement. Il en est de même pour un enfant. En d'autres termes, il était bien établi que certains bébés ont besoin de plus de temps que d'autres pour être "mûrs", prêts à naître.»

Pour conclure, la DPA n'est qu'une indication, mais pas un absolu. Chaque femme est différente, et chaque bébé aussi. Évaluez vos options, et n'oubliez pas que même si parfois il semblerait que c'est une obligation,  personne ne peut vous forcer à subir une intervention médicale si vous n'êtes pas d'accord. Pour plus d'informations sur l'induction, je vous invite à aller lire ce billet: Induction, pistes et réflexion

À bientôt!

Sources:
BRABANT, Isabelle, Une naissance heureuse, Éditions Saint-Martin, Montréal, 2008, 438 pages
GASKIN, Ina May, Spiritual Midwifery, Bok Publishing Company, Summertown, 2002, 480 pages
ODENT, Michel, Césariennes: questions, effets, enjeux: Alerte face à la banalisation, Éditions Le Souffle d'OR, france, 2005, 183 pages
http://lajournalisteitpinketgreen.over-blog.com/article-dpa-fluctuante-hesitation-date-presumee-accouchement-69427766.html (photo)



Comments

  1. Je suis tout à fait d'accord avec ce que tu dis! La DPA est une date très approximative et les médecins y tiennent beaucoup trop. D'ailleurs, les femmes sont tellement incitées à 'adopter' cette date qu'elles-mêmes deviennent impatientes, s'inquiètent et vont même jusqu'à demander l'induction à l'approche de celle-ci ou dès qu'elle est dépassée.
    Effectivement, la durée normale d'une grossesse est de 37 à 42 semaines, c'est beaucoup 5 semaines de variabilité! Et si au Québec on estime la DPA à 40 semaines, le 'délais maximal' varie d'un hôpital à un autre. Juste dans ma région, les médecins du CSSS de Chicoutimi sont enclins d'attendre jusqu'à 42 semaines et au CSSS Lac-St-Jesn-Est (Alma), ils ne dépassent pas 41 semaines.
    Je trouve que ça fait beaucoup de stress pour les futures mamans et un déclenchement sur un col/utérus/corps/bébé pas prêt, ça fait augmenter le taux de complications et de césariennes (aussi pcq les médecins ne sont pas toujours assez patients pour les naissances primipares... ça c'est un autre sujet).
    Personnellement, pour moi la DPA correspond bien à la date d'accouchement si on la compte avec ma date d'ovulation. BB1: DPA 16 septembre basée sur les dernières règles, cycles environ 30 jours, ovulation au jour 16, DPA 18 septembre si calculée avec la date d'ovulation, j'ai accouché le 19 septembre. BB2: DPA 20 mai si calculée selon mes dernières règles, cycles irréguliers, ovulation le 8 septembre (soit après plus de 35 jours), DPA recalculée le 31 mai, DPA recalculée avec échographie le 30 mai, j'ai accouché le 29 mai.
    Cela dit, toutes les femmes sont différentes! Ma mère elle, devançait de plusieurs jours, voir même semaines rendu au 3e bébé, et nous étions tous de beaux gros bébés 'finis'.
    Comme c'est dit dans le billet, il faut être patiente, être à l'écoute de son corps et de son bébé. Il faut aussi y aller mollo les derniers temps, c'est effectivement difficile pour le corps, les douleurs, la fatigue... Ça prend un bon entourage pour nous aider et nous encourager. Et si notre médecin s'inquiète, il y a toujours la possibilité d'aller vérifer par test de réactivité foetale et/ou échographie si bébé va bien. Si oui, on peut alors lui offrir quelques jours de plus bien au chaud et le laisser décider quand il sera prêt.

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