L'accouchement orgasmique: mythe ou réalité?

Pour la plupart des gens, mettre le mot ''orgasme'' dans la même phrase que le mot ''accouchement'' est une impossibilité. Comment peux-t-on expérimenter du plaisir durant une expérience qui est supposée être douloureuse? Il paraîterait que ça arrive moins rarement qu'on le croit...

Mais que sigifie ''accouchement orgasmique''? Selon moi, le terme inclut toute forme d'accouchement ecstatique, qu'il y ait un réel orgasme ou non, et ceci à n'importe quel moment du travail, que ce soit pendant les contractions, ou durant la poussée.
La sage-femme Ina May Gaskin a déjà fait un petit sondage, pour savoir combien de femmes avaient déjà eu des expériences orgasmiques durant leur accouchement, et le résultat s'est avéré beaucoup plus élevé qu'elle le pensait. Sur 151 femmes, 32 ont affirmé avoir eu au moins un accouchement orgasmique. La plupart d'entre elles ont eu leurs bébés avec des sages-femmes, mais, curieusement,  quelques-unes ont eu leur accouchemnt ecstatique en milieu hospitalier. Bien sûr, c'est un bien petit échantillon, mais les résultats restent surprenants.

Saviez-vous que l'hormone qui crée les orgasmes est exactement la même qui déclenche les contractions? En effet, l'ocytocine, aussi appelée hormone de l'amour, est responsable des ces deux phénomènes, et bien d'autres. Entre autres, c'est cette hormone qui nous fait tomber en amour avec notre bébé dès sa naissance. J'avait déjà écris un billet par le passé sur les fonctions de l'ocytocine. Vous pouvez le trouver ici. Durant l'accouchement, si l'environnement est favorable, c'est-à-dire que l'atmosphère créée aide la future mère à relaxer, et que les personnes autour d'elle sont des personnes de confiance et qui ne la stressent pas, le corps produit en plus de l'ocytocine, des endorphines, qui aident à relaxer et qui font même que certaines femmes dorment entre leurs contractions. Par contre ces deux hormones sont timides. Si la mère est stressée, dérangée, ou dans un environnement où elle n'est pas bien, l'adrénaline embarque, et écrase les deux autres, rendant alors la mère tendue, nerveuse, et le travail beaucoup plus pénible. Une situation trop stressante peut même arrêter complètement le travail, parfois pour plusieurs jours.

Qu'est-ce qu'un environnement favorable et comment le créer? En premier lieu, posez-vous la question suivante: quel est le meilleur environnement pour faire l'amour? Car faire un bébé et le mettre au monde demandent la même confiance et la même intimité. La plupart des gens n'arriveraient jamais à prendre leur pied lors d'une relation sexuelle sans le bon contexte (avec des gens qui rentrent et qui sortent de la pièce pour vous poser des questions, par exemple). Pourquoi demandons-nous donc aux femmes d'essayer de se détendre et de laisser leur corps s'ouvrir sans respecter leur bulle d'intimité?
Essayez donc d'adapter le lieu d'accouchement pour permettre le maximum de confiance et de confort. Tamisez les lumières, mettez des chandelles (il existe même des chandelles électroniques si il y a une bombonne d'oxygène dans la pièce), faites jouer une petite musique douce, ou bien respectez le silence. Assurez-vous qu'il y a un bon bain chaud de prêt au cas ou il serait utile. Les caresses et les marques d'affection sont les bienvenues. Rien de mieux qu'un bon baiser de celui qu'on aime pour aider à se détendre. Chacune a ses petites préférences sur ce qui lui fait du bien. Il faut aussi apprendre à accepter la dimension sexuelle de l'accouchement, car elle est bien là, même si on essaie de la nier depuis que les hommes ont commencé à assister les futures mamans.

La peur a et les conflit non-réglés ont aussi un impact sur la façon dont l'accouchement sera vécu. Que ce soit une peur de la douleur, des conflits de couple, ou un passé non réglé (ex. passé d'abus), il est important de faire son posssible, et même aller chercher de l'aide pour régler tout ces problèmes durant la grossesse, car ils peuvent refaire surface lors de l'accouchement sous forme de complications. Lorsqu'une femme est en paix avec elle-même, avec son entourage et avec son passé, et qu'elle est en confiance, les risques que l'accouchement soit difficile sont grandement diminués. Il ne s'agit pas ici de fabulations spirituelles, mais un simple lien de cause à effet: Si une femme à des tensions, elle aura de la difficulté à se laisser aller, elle sera plus tendue, et l'accouchement risque d'être plus difficile. Au contraire, si elle est épanouie et en confiance, son corps sera plus propice à l'ouverture.

Il va sans dire que l'usage de l'épidurale, et de d'autres moyens pharmacologiques de soulagement de la douleur durant l'accouchement empêche non seulement la douleur, mais aussi toutes les autres sensations. Le fait que la majorité des femmes occidentales accouchent sous épidurale contribue grandement à la rareté des accouchements orgasmiques. Pour en savoir plus sur les effets de l'épidurale, je vous invite à aller lire mon billet précédent sur la question, ici.

En dernier lieu, je crois que l'influence des médias sur la perception générale de l'accouchement est un autre élément qui contribue à la peur de l'accouchement, et à la croyance générale qu'accoucher ne peut être autre chose que de la torture. Comme j'ai déjà écrit dans un article précédent sur la naissance dans les médias (ici), je crois que si on montrait plus d'expériences d'accouchement positifs à la télé, l'imaginaire collectif en serait grandement changé pour le mieux, et beaucoup plus de femmes seraient prêtes à tenter un accouchement naturel.

Voici maintenant en conclusion la bande annonce (en anglais, désolé pour ceux qui ne comprennent pas, mais on peux quand même comprendre l'idée générale) d'un film intitulé ''Orgasmic Birth'', qui explore la question de long en large, à travers des témoignages de beaux accouchements. Je vous le suggère fortement!



Bonne journée!

Sources: 
Ina May's Guide to Childbirth, Ina May Gaskin
Orgasmic Birth, film de Debra Pascali-Bonaro
Birth As We Know It, Film de Elena Tonetti-Vladimirova

Comments

  1. Ça donne vraiment le goût d'en avoir un autre (un 3e). J'ai apprécié mes accouchements dans leur nature. Le premier, timide, inconnu, mais aussi compliqué et médicalisé par un siège surprise (heureusement délivré par voie basse). Le deuxième, confiant, intense et rapide, sans soulagement médical de la douleur (ou si peu pour les points), en proportion, plus longtemps chez nous qu'à l'hôpital. Pour un 3e, je souhaite ardemment l'ouverture de la maison de naissance dans mon coin, question de vivre ça de façon encore plus zen et naturelle. Mon conjoint n'est pas convaincu, mais je suis certaine qu'un RV avec une sage-femme le rassurerait.
    Vivement le retour aux sources 'at large' pour l'accouchement.

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    1. Merci pour ton commentaire! J'espère que tes souhaits se réaliseront. Peut-être qu'en plus de la sage-femme, un petit visionnement de Orgasmic Birth pourrait aider à convaincre ton conjoint? Il y a des papas qui parlent positivement de leur expérience dans le film. Le film L'arbre et le nid est aussi une bonne ressource. Bonne journée, et merci de me lire!

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